1. «Happy music» au travail. De quoi il s’agit au juste ?

Comme son nom l’indique la « Happy music » est une musique de joie ou joyeuse introduite au travail ou en entreprise. Il s’agit d’une approche d’ambiance de travail qui requiert l’utilisation de la musique pour y développer la performance. Cette démarche a vu le jour grâce aux travaux de recherches de deux scientifiques Fox et Embrey ainsi que l’Université de Birmingham (1972). Dans un contexte industriel, ces derniers ont prouvé que le recours à un fond sonore met en évidence une performance plus accrue. L’année dernière, une nouvelle étude américaine est venue renforcée les conclusions des travaux de Fox et Embrey en soutenant que l’utilisation de la musique en entreprise vient concrétiser davantage la cohésion de l‘équipe. Et oui, La musique au travail n’est plus un tabou, même dans des environnements qui y étaient plutôt réfractaires au départ, comme le secteur bancaire, celle-ci est entrée dans l’usage courant.

Lorsque l’on écoute ou pratique la musique, des régions de notre cerveau sont stimulées, notamment celles en relation avec la mémoire (l’Hippocampe et zone du cortex auditif). Selon les scientifiques, cela génère la sécrétion de l’hormone du bonheur : Dopamine. Ce qui améliore l’humeur des travailleurs et influence positivement la qualité du travail, la réceptivité au travail et la créativité des idées rendues. Ainsi, la musique vient réduire le niveau de stress en apaisant la peur et le sentiment d’insécurité et en permettant au cerveau de se focaliser et de se concentrer sur les éléments travaillés. Elle joue notamment un rôle favorable dans la mémorisation d’informations ou dans l’apprentissage de connaissances.

2. Quels sont les critères à respecter pour écouter de la musique au bureau de manière productive ?

N’importe quelle tâche ne s’accorde pas avec n’importe quelle musique.

Ce qui est certain, c’est que la musique que l’on choisit d’écouter doit être appropriée à notre personnalité et bien sûrement adaptée à nos tâches.

Ainsi pour les tâches physiques et répétitives où le travail est manuel sans engagement intellectuel particulier mais avec un besoin de rapidité, une musique enjouée, dynamique et positive convient parfaitement. Elle motive la personne, attise son potentiel en impactant positivement sa perception et en l’invitant à accélérer le rythme et l’endurance face au caractère éprouvant et ennuyeux des tâches. Il peut s’agir de pop, de latino ou encore de rock.

Quant aux fonctions intellectuelles, minutieuses et de réflexion, elles requièrent des musiques plus douces notamment la musique classique ou les bandes sonores de jeux vidéos. Ces dernières conviennent aux activités d’écritures utilisant la partie du cerveau consacrée au langage. Ainsi dans ce type d’activité, il est judicieux de faire appel aux musiques instrumentales, sons d’ambiance calme ou sons de nature et d’éviter la musique vocale.  Elles renforcent la concentration et optimisent les fonctions cognitives. Nous en citons les compositions classiques, le jazz, les sonorités calmes, tels les bruits des vagues ou du vent.

Des cures de silence peuvent aussi être de mise dans l’entreprise pour permettre une pause au cerveau et se ressourcer également.

3. Quels sont les différents impacts de la happy music sur le travail du salarié et sur son état d’esprit ?

Souvent la musique a été associée à l’adoucissement des mœurs et de caractères. Aujourd’hui, elle est introduite dans le monde de l’entreprise pour permettre une meilleure productivité et efficience.

Les premiers travaux de recherche concernant la « Happy Music » ont porté  sur le secteur de l’industrie et ont analysé l’impact sur les opérations physiques et répétitives. La musique a permis de se concentrer et de recentrer l’attention sur les activités en maximisant l’efficience du résultat des opérations. En effet, les travailleurs qui écoutent de la musique durant leurs activités, terminent le travail plus rapidement et proposent de meilleures idées que ceux qui ne l’écoutent pas.

Et tout récemment les axes de recherche ont porté sur l’impact de la musique sur le travail d’équipe et ont démontré qu’elle développait la cohésion d’équipe  et la créativité. Ainsi la musique permet de dépasser les limites et d’atténuer les sources de stress qui peuvent nous affecter au quotidien et d’ouvrir notre esprit sur de nouveaux horizons de réflexion.

D’autres travaux ont mis l’accent sur la bonne humeur, la confiance en soi, la motivation, la relaxation et la concentration dans le travail éléments fondamentaux pour l’accroissement de la performance de bon nombre d’activités.

4. Quels sont les inconvénients de cette démarche ?

Pour répondre à cette question, nous choisissons de parler de limites au lieu d’inconvénients.

La « happy music » est une démarche assez particulière et a besoin de cadrage clair et structuré. Elle requiert le respect des conditions précitées pour obtenir les résultats souhaités en terme de performance au travail.

En plus de ces éléments, nous proposons les conseils suivants :

• Éviter d’écouter des musiques nouvelles lorsque l’objectif est de se concentrer. La nouveauté est souvent là pour détourner l’attention de la personne et provoquer un intérêt à ce qui est nouveau et oublier sa mission;
• Utiliser la musique (sur vos écouteurs ou votre casque) pour vous isoler des bruits ambiants susceptibles de vous déconcentrer ;
• Et utiliser la musique en fonction des affinités du personnel avec.

Face à ces suggestions à respecter, il existe une problématique à résoudre : le choix des morceaux. Il est souvent assez difficile de décider pour les morceaux musicaux à mettre ; Chaque personne est caractérisée par une attirance vers un type de musique. Et il existe même des personnes qui ne sont pas forcément très à l’aise à écouter de la musique (Fonction aussi de l’âge).

En parallèle à cela, pour certaines personnes, la musique peut provoquer un effet de parasitage et de distraction surtout si le contenu textuel leur est familier.

5. Ecouter la musique sur le lieu de travail est-il fréquent auprès des employés marocains ? Avez-vous des chiffres ou des tendances sur la question ? Cela fait-il partie des habitudes sociales et professionnelles de ces derniers ?

Le concept de la «happy musique » n’a pas encore forcément tracé son chemin dans les structures marocaines. Et ceci peut être expliqué par l’image présente dans nos esprits de la musique comme un moyen d’amusement et de divertissement et non un moyen de renforcement de notre activité de production. Cette perception est bien évidemment fausse et a besoin d’être changée à travers de nouvelles pratiques et de nouvelles ambiances plus festives pour activer la productivité.

Aujourd’hui au Maroc, la musique a intégré la fonction commerciale au niveau des espaces d’accueil des clients en raison des effets positifs que cela a sur le comportement de consommation et d’ambiance qui lui est propice. Nous le remarquons dans des activités touristiques, de restauration, de services et des  commerces de grande distribution. Tous mettent en avant une ambiance musicale pour influencer l‘acte d’achat chez le client.

Par ailleurs,  La musique a été introduite en entreprise à travers deux autres activités tels la dynamique des « teambuilding »et le processus de coaching. Toutes les deux ayant comme objectifs de booster la motivation et de développer la performance et personnelle et collective, ont pris conscience des effets positifs de la musique sur notre cerveau.  Dans le coaching par exemple, nous recourons à une musique douce pour accentuer la concentration de nos clients et favoriser une réflexion profonde sur les solutions et options à apporter à leurs problématiques. Nous y avons recours aussi en activités de construction et de cohésion d’équipe (Teambuilding) pour renforcer la connexion entre les membres d’équipes et créer des relations constructives.